Raymond Depardon
Photographe et cinéaste documentaire français, né en 1942.
Commence enfant à faire de la photographie, devient assistant en 1958 et co-fonde l’agence Gamma en 1966. Il rejoint Magnum en 1978. Photographe de reportage, il a aussi produit des reportages, dont "Urgences", "Délits flagrants".
On trouve chez Depardon, même quand il fait du documentaire, une grande affirmation d’un point de vue subjectif, ce qui va le conduire à travailler notamment sur l’autobiographie (un livre "la ferme du Garet", retrace ses débuts en photographie, enfant, en parallèle avec le destin de l’agriculture française, ses parents étant fermiers). L’approche personnelle le conduit à travailler seul, de manière à ne pas envahir les milieux qu’il photographie, sans devoir d’autre part se dissimuler. La même approche vaut pour le documentaire cinéma, ce qui l’a obligé à travailler sans "percheur" pour le son, ce qui nuit parfois à la compréhension des situations. Ce désavantage est pour lui compensé par la mobilité qu’il gagne. Isolé et silencieux dans les situations qu’il photographie et filme, il est ainsi vite oublié, et peut filmer ou photographier des "temps morts", moments où il ne se passe quasiment rien, qui l’intéresse.
C’est probablement ce point de vue fort et le lien avec la campagne française qui a conduit Derpadon a être un des protagonistes de la mission photographique de la DATAR, mission qui début 80’ tentera de faire un état des lieux du paysage français.
Ce point de vue de solitaire déambulant dans le monde est particulièrement perceptible dans ses documentaires, "Urgences", "Délits flagrants", par exemple, dans lequel la caméra, proche des scènes filmées, est à la fois absente au monde, oublié de tous, dans le silence de Depardon.
L’errance, la folie (il fait une série de document sur San Clemente, un hopital psychiatrique italien), sont des thèmes récurrents, dans lesquels la position du photographe est réinterrogée. En ça, Depardon peut être lié à un photographe comme Robert Frank.