Beat Streuli
Photographe Suisse né en 1957, Beat Streuli expose des images à partir de 1988. La population urbaine est son sujet de prédilection.
Il travaille et vit à Zurich, Brussels, et Dusseldorf.
Il accumule depuis près de 20 ans des séries portant des nom de villes ou de quartiers dans lesquels il ballade son appareil, souvent muni d’un téléobjectif, avec un oeil de voyeur désincarné.
Le marcheur urbain est le sujet obsessionnel de Streuli. Des corps en marche émotionnellement et visuellement bigarrés, qui produisent l’image de la ville, une image aussi déconstruite que construite, sans répit, impossible à saisir autrement que par le fragment, embarquant avec lui détails sans intéret et moments forts. La composition est aléatoire, savamment quelconque, et on peut rapprocher Streuli de photographes comme Winogrand et Lee Friedlander, et in fine à Walker Evans, qui dès les années 30’ s’est mis à photographier la ville avec des méthodes aléatoires et en recherchant une absence d’intéraction avec les sujets photographiés.
Streuli travaille massivement au télé-objectif, avec un esthétique très marquée par le rapport flou/net : personne découpées sur un arrière-plan flou, personnages étagés dans l’image par la profondeur de champ. Le contraste, le clair-obscur, y structure aussi fortement l’image. L’image est parfois déconstruite par le catapultage des avants et arrière plans, typique du téléobjectif.
Bien qu’elle ne soit pas sociologique, la photographie de Streuli produit un effet d’archive et invite à la taxinomie : le monde globalisé y est ramené par parcelles précises : Barcelone, Bruxelles, Tokyo, New-york, Marseille y sont capturé avec une méthode proche de celle de Marcel Duchamp : le "choix d’indifférence".
Les photographies de Beat Streuli sont le plus souvent exposées dans un flux d’images, quasiment jamais seules. Elles tirent leur force d’un effet de masse. Elles sont parfois disposées côte-à -côte dans des assemblages panoramiques grand format, soit dans des diaporamas projetés, collées sur des vitres, imposées sur des façades. Le grand format domine, comme un contraste avec la faible "intentionalité" de la prise de vue.
Beat Streuli travaille aussi en vidéo.