La "straight photography"
En 1902, aux Etats-Unis, des artistes d’avant-garde, avec à leur tête Alfred Stieglitz (1864 - 1946), forment le groupe Photo-Secession, et ouvrent en 1905 la galerie " 291 " (291 Fifth Avenue, New York) qui, en plus des photographes contemporains, présente aux Américains les oeuvres de Picasso, Rodin, Matisse et Toulouse-Lautrec.
Le groupe oppose la " straight photography " au pictorialisme, et dans la grande tradition des avants gardes, coupe les ponts avec le pictorialisme de manière brutale, alors que ses membres les plus illustres ont débuté leur carrière artistique en adhérant au préceptes du pictorialisme.
Finies les manipulations de l’image, la photo se distingue par le regard qu’elle seule sait poser sur le sujet. Un regard concentré sur les structures, les formes, la lumière, reconnues et saisies du monde réel, et conduisant à une composition telle qu’aucun artifice ne sera requis au tirage. Une photographie qui aussi, grâce aux films plus sensibles et aux équipements moins encombrants, descend dans la rue et nous propose des sujets pour lesquels les pictoralistes et les autres artistes avaient manifesté peu ou pas d’intérêt.
Les historiens reconnaissent " The Steerage " (Stieglitz, 1907) et " The White Fence " (Paul Strand, 1916), comme deux images clefs de ce nouveau mouvement esthétique.
Dans le sillage de la " straight photography ", s’ouvrent deux voies essentielles et toujours contemporaines de l’histoire de la photo : l’une repose sur la " vérité de l’instant " et trouvera son prolongement dans le reportage documentaire, et l’autre, fondée sur une approche formaliste du paysage, de la nature morte, du nu.