Lewis Hine
Photographe américain, né en 1874 et mort en 1940, entre deux guerres donc, guerre de Sécession et la deuxième guerre mondiale. Sociologue de formation, il abordera la photographie sous un angle purement documentaire au départ, avant de découvrir la puissance politique de l’esthétique.
Hine commence à photographier en 1904. Il est issus d’une école de sociologie (de New York) et ses sujets sont sociaux, l’immigration, avec un travail important sur Ellis Island (une île proche de la statue de la liberté, par laquelle transitaient les immigrés en provenance d’Europe et d’Afrique, pour un contrôle sanitaire et un premier contact administratif avec l’Amérique), et va ensuite s’attaquer une de ses causes principales : le travail des enfants.
Les enfant occupent au début du 20eme siècle nombre d’emplois importants, vendeurs à la criée, mais aussi usines en tous genre, principalement dans le domaine du textile. Hine va documenter leur travail, dans un but de lutte sociale : faire réformer la loi sur le travail des enfants. Il travaille pour le National Child Labor Committee à cette fin. Pendant la guerre il suivra le travail de la croix rouge en Europe, il trouvera là un autre cause à soutenir.
Après la première guerre mondiale, il va s’intéresser à la construction des building new-yorkais et produire les photographies qui le rendront célèbre : les ouvriers monte-en-l’air construisant l’Empire State Building. Il a entretemps découvert qu’une photographie plus construite, mieux tirée, possède un impact plus fort sur le public et a amélioré sa technique. Du coup, l’aspect rèche et dénonciatoire s’estompe et il est parfois difficile de savoir si on glorifie le travail ou dénonce ses ravages sur les basses couches de la société.
Il faut se rappeller que Hine, comme la plupart des photographes engagés qui le suivront (il a par beaucoup d’aspect précurseur de la photographie sociale) entend avant tous montrer la dignité des hommes au travail tout en dénonçant les conditions parfois inhumaines dans lesquelles ils gagnent leur vie. L’esthétique qui en découle rend parfois difficile la clarté du message, et on a plutôt l’impression d’une ode au travail et à la beauté de la relation homme/machine.
Les photographies d’ouvriers du bâtiment mangeant nonchalamment leurs tartines à 100 mètres du sol attestent de cette ambigüité : les conditions de travail paraissent ahurissantes mais ces photographies sont en poster géant dans des milliers de fast-food de par le monde.
L’approche socio-documentaire de Hine influencera toute une génération de photographes, notamment ceux qui travailleront pour Farm Security Administration dans les années 30’.