William Eggleston
Né en 1939 à Memphis, Eggleston marquera l’histoire de l’art par son emploi systématique de la couleur dès ses jeunes années (il photographie depuis l’age de 19 ans). La photographie a longtemps été mal considérée dans le champ de l’art, la photographie couleur a subit un plus dà »r traitement encore. William Eggleston en a fait les frais : la reconnaissance de son travail prendra du temps.
C’est en 1974 que ses images seront exposées au MOMA de New York, sous le nom de "portfolio", un nom plutôt discret. Le contexte est plutôt à la photographie noir et blanc, plus distanciée, plus noble, plus cérébrale, moins esthétisante. Même des travaux proches du sien, comme celui de Garry Winogrand par exemple, s’exercent en noir et blanc.
Du coup, la couleur, et la couleur de William Eggleston en particulier, fait tâche : il emploie la technique dite du "dye transfert", inventé par Kodak, une technique de tirage qui donne un rendu coloré très saturé.
Eggleston travaille la couleur quasiment pour elle-même, en opposition presque avec son sujet : le Mississippi est son lieu privilégié, le quotidien son sujet de prédilection. Les tirages rendent irréelles des situations banales, un intérieur de frigo devient une expérience extatique, une femme devant sa maison de banlieue une peinture de la période luministe de Mondrian.
Les écarts colorés trouvés dans la nature (ciels bleus intenses, soleils couchant, reflets dans l’eau, ombres découpant les objets) et la culture environnante (marques routières, enseignes lumineuses, peintures publicitaires érodées, carrosseries de voitures) sont mixées pour obtenir des images dans lesquelles la couleur domine l’image, et déplace le sujet à l’arrière plan.
L’anecdote raconte que Eggleston, jeune, se rendait de nuit dans les ateliers de tirages industriels (où l’on tire des photos amateurs en machine par milliers) pour y tester le rendu de ses images sur des de "mauvais tirages" : dominantes de couleurs, désaturation, surexposition, etc.
Eggleston a réalisé une série d’image sur la ville de Dunkerke en 2005, qui ont été exposées dans cette même ville en 2006.